Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais 

Membres : Rose-Marie ALLÉGRET, Corinne BACINO, Daniel BECK, Georges BOUGE, Paulette BRESSAN, Daniel BRUN, Janine DÉLIAS, André FARAUT, Hélène GRANOUILLAC, Pierre GRIMAUD-NOW, Catherine JAKUBOWSKY, Jean LAVAUD, Catherine LEHU, François MASTALERZ, Patrice MAZZAFERA, Hervé MELKONIAN, Marcel MEUNIER, Patrice MIRAN, Gilbert MORLIÈRE, Simone NAUDET, Noël PERNA, Jean-Christophe PICARD, Micheline ROLLIN-GÉRARD, Anita THOMSEN

"Le Journal de Nice" du 10 février 2004

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Nice : un mauvais compromis contre l’implantation sauvage des antennes-relais de téléphonie mobile

La guerre contre l’implantation sauvage des antennes-relais de téléphonie mobile a commencée à Nice en 2001. À ma gauche, le géant français des télécommunications, j’ai nommé : France Télécom (dont le champion se trouve quelque part derrière une fenêtre du bâtiment marron)... à ma droite : l’école des Baumettes dont les enfants sont défendus par Jean-Christophe PICARD (en maillot jaune sur la photo). Le combat se déroulera jusqu’à épuisement total de l’adversaire, le vainqueur aura le privilège de décider du maintien ou de la suppression de six antennes-relais destinées aux téléphones portables. Au début de cette lutte, les arguments des deux adversaires n’étaient pas très éloignés : une dizaine de mètres seulement. Quelques pas suffisent à traverser le Boulevard Grosso mais il va de soi que l’on a deux points de vue totalement opposés selon le trottoir sur lequel on se trouve. Du côté des bureaux de France Télécom, on ne regarde pas les antennes car on les a sur la tête (ou sur le toit) ce qui évite de remettre en question la présence de ce dispositif essentiel au maillage d’un réseau de télécommunication d’utilité publique. Côté école, les parents ne voient en revanche plus que ces machins arrosant en ondes nocives et s’inquiètent : les antennes-relais provoquent-elles tumeurs et cancers comme l’affirment certains scientifiques ? L’arbitre, depuis trois ans, c’est la mairie de Nice, qui a du trancher un subtil problème de dialectique : pour les opérateurs de téléphonie mobile, il n’est pas nécessaire d’enlever les antennes-relais car il n’a pas encore été prouvé qu’il y a bien danger. Mais c’est au contraire parce que ces mêmes opérateurs sont dans l’incapacité de prouver qu’il n’y a pas danger que le président du comité de quartier des Baumettes (toujours en maillot jaune) exige que les antennes-relais soient éliminées.

Quels que puissent être les dommages et intérêts obtenus, l’enjeu de cette affaire dépasse très largement l’anecdote mouvement de quartier contre multinationale. Il s’agit de savoir si le principe de précaution doit être appliqué ou non. Devançant la lenteur administrative de l’État français, les communes de Vallauris puis Mouans-Sartoux avaient déjà, à l’époque, appliqué le principe de distance minimum de précaution en matière d’antennes-relais. Pour arriver au même résultat à Nice, Jean-Christophe PICARD consacre une grande partie de son temps à informer toute personne ignorant les conséquences d’une implantation sauvage des antennes-relais. Il est l’une des rares personnes à avoir accompli le tour des médias niçois, mais cela n’est pas assez car au rayon "ennemi public numéro un" la concurrence est rude, si bien que le danger des antennes-relais émeut moins que la Taxifolia, le nuage de Tchernobyl ou les tags.

Au moment où il était encore l’un des militants pionniers de cette lutte, Jean-Christophe PICARD déclarait : « Ce qui touche le plus de gens pour le moment est la moins-value immobilière que peuvent causer ces systèmes mais ils ne savent pas que cela est dangereux. Convaincre une seule personne est un travail pédagogique de longue haleine. Pour le moment les enfants sont en bonne santé mais au bout de combien de temps les conséquences peuvent-elles s’aggraver ? Les chercheurs disent qu’il faut éviter une exposition prolongée aux antennes-relais à moins de 300 mètres. On est relativement timide en France car de nombreux pays ont officiellement reconnu la dangerosité de ces installations : des études ont été faites puis leurs gouvernements ont légiféré et adopté une distance de précaution de 30 à 300 mètres. Nous demandons la même chose en France. Je reçois des courriels de la France entière, c’est impressionnant ! Les copropriétaires me demandent quelle attitude ils doivent adopter, d’autres comités de quartier essayent de coordonner leur action avec la notre. »

Et puis, il y a un an, une première victoire a été remportée. Non pas à Nice, mais à Paris : le maire Bertrand DELANOË signait, avec l’ensemble des opérateurs de téléphonie mobile, une charte de bonne conduite qui prévoyait notamment que des informations techniques précises devaient être fournies par les opérateurs pour chaque nouvelle implantation d’antenne-relais, qu’une commission de concertation, présidée par le Maire, serait chargée de donner son avis sur toutes les questions liées à ces antennes, et qu’un forum réunissant tous les acteurs concernés par le sujet serait organisé chaque année. Enfin, le niveau moyen d’exposition des habitants aux ondes électromagnétiques des antennes-relais serait désormais limité à 2 volts par mètre pour 24 heures. À la lecture de cette charte, Jean-Christophe PICARD se réjouit qu’une première victoire soit remportée : « l’application de cette charte démontre qu’il est possible, sans remettre en cause le bon fonctionnement des téléphones portables, d’appliquer des niveaux d’exposition bien inférieurs à ceux précisés dans les précédents documents. »

Dès lors, Jean-Christophe PICARD qui a, entre temps, fondé un Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais (le CIRAR) se prend à rêver qu’une telle charte soit également adoptée à Nice. Secondé par Remi GAECHTER, Conseiller Municipal (Vert) de Nice, il élabore une charte identique et la présente aux trois opérateurs ainsi qu’au Maire de Nice. Invoquant le principe d’égalité, les deux leaders du Collectif niçois leur demandent de la signer « afin que les niçois bénéficient des mêmes mesures de protection que celles accordées aux parisiens ».

Le Collectif niçois ouvre même un site internet dédié à la bonne cause, et n’hésite pas à y affirmer « qu’il est avéré que les ondes électromagnétiques produisent des modifications biologiques : sécrétion de mélatonine, perturbation de l’électroencéphalogramme, augmentation de l’activité de l’ornithine décarboxylase, modification de certaines fonctions cognitives, atténuation de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique... La question est de savoir si ces effets biologiques sont néfastes pour la santé. Si les résultats de certaines études sont rassurants, d’autres mettent en avant des conséquences possibles sur la santé : échauffement du cerveau, perturbation du système immunitaire, perturbation du sommeil, altération des capacités cognitives, augmentation de la pression artérielle, augmentation des risque de tumeurs et de cancers, rupture des brins d’ADN, développement de la maladie d’Alzeimer ou Parkinson. »

Confiant dans ses arguments et dans le précédent parisien, le Collectif pense être parvenu à son but lorsque le maire de Nice annonce son intention de signer une charte préventive à Nice. La majorité municipale se montre d’abord moins difficile que ne le pensait M. PICARD : nous sommes en décembre 2003 et tous les opérateurs ont répondu au courrier envoyé par le Collectif. Tous ? non ! Bouygues Télécom résiste encore et toujours à la proposition du CIRAR, et la charte ne sera donc pas facile à adopter en l’état. En effet, dans cette configuration, c’est un peu tout ou rien. Orange ne s’y est pas trompé, en répondant que « les opérateurs GSM ne sont pas défavorables à la négociation d’une charte dès lors que la commune en fait la demande. Aussi, la mairie de Nice peut, si elle le souhaite, initier une proposition de charte adressée aux trois opérateurs. » Résultat : la ville de Nice s’engage bien à rédiger une charte, mais prévient qu’elle sera différente de celle proposée par le CIRAR.

Et lorsque Jean-Christophe PICARD lit la charte proposée par la ville de Nice, il sursaute : « tous ceux qui, comme moi, attendaient ce document avec impatience seront loin d’être satisfaits du résultat. La charte se contente, en effet, d’indiquer que les opérateurs s’engagent à respecter, complètement et en tout temps, les dispositions du décret n° 2002-775 du 3 mai 2002 qui fixe les valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques ». Bref, la Ville et les opérateurs ne s’engagent ni plus ni moins qu’à respecter la loi, cette même loi qui fait pourtant l’objet de toutes les polémiques ! Jean-Christophe PICARD n’hésitait pas hier à enfoncer le clou en nous déclarant tout simplement que « la charte proposée par la Ville de Nice ne change rien et n’est donc qu’un simple placebo. On peut légitimement s’interroger sur les raisons qui ont poussées les conseillers municipaux à l’adopter... à l’unanimité ! Les niçois, qui ne bénéficient toujours pas des mêmes mesures de protection que celles accordées aux parisiens, apprécieront. » La lutte continue donc pour le Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais, et quand bien même tout n’est pas à recommencer, le site web de l’association est plus que jamais un moyen d’information et d’action pour tous les niçois qui souhaiteraient voir enfin appliqué à Nice le principe de précaution dont bénéficie la capitale.

par Thomas GAUTHIER, F. CARON

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