Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais 

Membres : Rose-Marie ALLÉGRET, Corinne BACINO, Daniel BECK, Georges BOUGE, Paulette BRESSAN, Daniel BRUN, Janine DÉLIAS, André FARAUT, Hélène GRANOUILLAC, Pierre GRIMAUD-NOW, Catherine JAKUBOWSKY, Jean LAVAUD, Catherine LEHU, François MASTALERZ, Patrice MAZZAFERA, Hervé MELKONIAN, Marcel MEUNIER, Patrice MIRAN, Gilbert MORLIÈRE, Simone NAUDET, Noël PERNA, Jean-Christophe PICARD, Micheline ROLLIN-GÉRARD, Anita THOMSEN

Antennes de téléphonie mobile :

Des toits sans lois

Les manifestations d'hostilité à l'installation des antennes-relais sont grandissantes.

À Paris, dès que la pose d'une antenne est connue, les habitants de la copropriété préviennent les riverains et tous les mécontents se réunissent au pied de l'immeuble, manifestent à l'arrivée des grues et du matériel de téléphonie, ce qui provoque la venue de la police,  des curieux, des journalistes. Ceci gène et retarde considérablement la pose et la mise en service de relais.

La Mairie de Paris exige maintenant un seuil d'émission maximal de 2 à 3 volts par mètre au lieu des 41 à 58 actuels. L'interdiction de poser des antennes près des écoles, crèches, hôpitaux, maisons de retraite, oblige en plus l'opérateur à fournir une déclaration de travaux à la ville et d'informer les riverains de toute nouvelle installation et une surveillance sanitaire des antennes existantes.

À Saint Cyr l'école, suite à un décès et plusieurs maladies graves d'enfants fréquentant une école où plusieurs antennes sont implantées depuis 1992, sur la pression des parents d'élèves, une étude épidémiologique vient d'être lancée par l'Institut National de Veille Sanitaire.

À Nice, dans le quartier des Baumettes (*), le CIRAR (*), le Comité de quartier et les parents d'élèves ont demandé l'instauration d'une distance de sécurité de 100 m entre les antennes et l'école. Pour 6 antennes-relais installées au n° 9 bd François Grosso, à 10 m de l'école, suite à une plainte déposée par le Comité de quartier, le Substitut du Procureur de la République vient d'enclencher l'ouverture d'une enquête.

École du Château. Une pétition contre l'antenne-relais de l'école du Château a été faite par la FCPE. Elle demande l'application du principe de précaution en l'absence d'étude validant formellement l'absence de danger. Il en est de même à l'école Saint Barthélemy où une antenne Bouygues installée au n° 14 Montée Clare Virenque surplombe l'école située au n° 16.

HLM de Las Planas. L'UFC 06-Que Choisir est saisie d'une nouvelle réclamation d'une de ses adhérentes, suite à l'installation sur le toit d'un bloc HLM, près de l'école de ce quartier, d'antenne-relais sans aucune concertation, ni information des habitants tous locataires. L'OPAM contacté aurait répondu, d'après les dires de notre adhérentes : « nous sommes propriétaires, nous avons donné l'autorisation, point final » ! Ce qui n'est pas surprenant.

La plupart des organismes gérant de vastes parcs immobiliers pour personnes aux revenus modestes ou en situation de précarité ont profité de cette aubaine pour implanter massivement des stations de base, quitte à concentrer les niveaux de champs électromagnétiques. En effet, l'implantation des antennes-relais est le résultat d'une négociation exclusive entre un bailleurs (assemblée de copropriétaires ou organismes HLM) et un opérateur. Locataires, riverains et parents d'élèves n'ont pas droit au chapitre. Ce qui est abusif, car si chacun peut choisir d'avoir ou non un portable, personne ne choisit de vivre à côté d'une antenne-relais qui émet 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.

La revue Que Choisir, dans son n° 385, relate q'un ancien médecin de Boulouris et son épouse avaient ressenti comme symptôme après la pose d'antenne-relais installée face à leur domicile, troubles du sommeil, pertes d'équilibre, maux de tête. Après 5 mois, ils quittent Boulouris et quelque semaines après, les troubles ont disparu. L'année suivante, ils reviennent sur Boulouris et les troubles réapparaissent. Tous décrivent les mêmes symptômes : fatigues, nervosité, maux de tête, insomnies, vertiges, dépression, stress, pertes de mémoire, hypo ou hypertension et curieusement toutes les personne qui se plaignent voient leur état de santé s'améliorer dès qu'elle quittent leur domicile où son installées les antennes !

D'après les opérateurs, ce n'est pas dangereux, mais alors pourquoi les assureurs n'assurent plus les risques liés à l'émission des champs électromagnétiques ? Depuis le 1er janvier 2003, Axa ne veut plus couvrir SFR en assurances responsabilité civil professionnelle pour les risques éventuels pesant sur la santé. Les syndics devront réclamer aux opérateurs une garantie confirmant que la responsabilité de la copropriété où est installée l'antenne ne pourra pas être recherchée.

Cela fait déjà plus d'un an que le leader mondial de l'assurance, la Lloyds, ne couvre plus les opérateurs de téléphone mobile, ni les personnes vivant à proximité des antennes au prétexte qu'« on ne connaît pas le risque, il n'est pas mesurable », un doute de plus sur l'innocuité des ondes électromagnétiques qui fait figure de principe de précaution.

Un magazine financier titrait, il y a quelque temps avec humour : Les antennes-relais sont trop lucratives pour être nocives ! Les opérateurs qui engrangent des sommes considérables avec la téléphonie mobile se cherchent des excuses en faisant paraître de belles plaquette où il expliquent que nous n'avons rien compris, qu'en fait nous recevons beaucoup plus d'ondes émises par les radios et la télé ; ils oublient d'écrire que ce n'est pas la même chose, ces ondes sont plus puissantes, mais linéaires, les ondes des portables sont pulsées et peuvent pénétrer dans l'organisme. Le Professeur Roger SANTINI, expert en pharmacotoxicologie à l'INSA de Lyon, indique que plus les gens sont près des antennes, plus ils se plaignent de fatigue, maux de tête, etc. Il précise : les riverains sont exposés à petites doses mais longtemps. Il y a actuellement en France 35 000 antennes. Avec l'arrivée de l'UMTS, encore plus puissant, le nombre va tripler !

Les normes d'expositions autorisée en France sont de 41 à 58 volts par mètre, alors qu'en Belgique, au Luxembourg, Suisse, Italie, Autriche, Grande Bretagne, Russie et dans les pays de l'Est, les valeurs maximales d'exposition vont de 3 à 6 volts par mètres, soit 10 fois moins que chez nous.

La France reste donc un des rares pays à ne disposer d'aucune réglementation pour empêcher l'implantation anarchique des antennes-relais si puissante. L'INRA de Tours a reproduit une expérience connue depuis 10 ans : à proximité d'un téléphone portable, 55 % des embryons de poulets meurent avant l'éclosion... contre 30 % dans le lot non exposé.

Conclusion

Il faut appliquer le principe de précaution en gardant une distance de sécurité de 300 mètres entre les antennes-relais et les habitations, distance reconnue à peu près sécurisante. N'oublions pas que les assureurs semblent beaucoup plus pessimistes que les opérateurs de téléphonie sur l'innocuité des ondes électromagnétiques, ce qui ne peut qu'inciter à la prudence pour les particuliers vivant à proximité des relais.

Nous ne jugeons pas l'utilité des portables, nous voulons des contrôles sanitaires à proximité des antennes-relais, effectués par des organismes indépendants (comme la CRIRAD pour le nucléaire) car les équipe de contrôle officielles sont financées par les opérateurs, donc juges et parties. Il ne faut pas oublier le nuage de Tchernobyl qui s'arrêta à notre frontière (!), le sang contaminé, la vache folle, l'amiante (interdite par décret du 7 février 1996 alors que sa dangerosité était connue depuis 1906). On méditera sur la décision de la Cour Administrative de Marseille qui a condamné le 18 octobre 2001 l'État français pour ne pas avoir pris « les mesures qui s'imposaient » dans le dossier de l'amiante ! Tout espoir n'est pas perdu, la lenteur est d'ailleurs ce qui caractérise la gestion de ce type de risque. En attendant, restons vigilant.

Gilbert MORLIÈRE

Source : Que Choisir, CIRAR*

* Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais