Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais Membres : Rose-Marie ALLÉGRET, Corinne BACINO, Daniel BECK, Georges BOUGE, Paulette BRESSAN, Daniel BRUN, Janine DÉLIAS, André FARAUT, Hélène GRANOUILLAC, Pierre GRIMAUD-NOW, Catherine JAKUBOWSKY, Jean LAVAUD, Catherine LEHU, François MASTALERZ, Patrice MAZZAFERA, Hervé MELKONIAN, Marcel MEUNIER, Patrice MIRAN, Gilbert MORLIÈRE, Simone NAUDET, Noël PERNA, Jean-Christophe PICARD, Micheline ROLLIN-GÉRARD, Anita THOMSEN
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Antennes relais : la polémique ne faiblit pas La publication des mesures de l'ANFR et du récent décret de loi sur les antennes relais n'a pas mis fin aux doutes quant à leur innocuité Notamment dans notre région où les associations de défense restent très actives. Seize communes du Var et des Alpes-Maritimes ont déjà pris des arrêtés municipaux d'interdiction Le 3 mai dernier était enfin publié le décret de Loi (n° 2002-775) « relatif aux valeurs limites d'exposition du public aux champs électromagnétiques émis par les équipements utilisés dans les réseaux de télécommunication ou par les installations radioélectriques ». Basé sur les recommandations de la commission européenne (1) et reprenant pour l'essentiel les circulaires interministérielles déjà existantes, le décret censé réglementer, notamment, l'installation des antennes relais de la téléphonie mobile n'a pas mis fin aux polémiques sur la prolifération des antennes. Bien au contraire. Persuadées de la dangerosité des champs magnétiques générés par ces stations (au nombre de 100 000 en France à l'heure actuelle), les associations de défense ne désarment pas. Particulièrement actives dans notre région, Le CIRAR (Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais) qui regroupe vingt associations des Alpes-Maritimes et PRIARTeM (Pour une réglementation des implantations d'antennes relais de téléphones mobiles) ont obtenu qu'une quinzaine de communes du Var et des Alpes-Maritimes (2) prennent des arrêtés d'interdiction d'implantation. La Côte d'Azur détient ainsi le record des interdictions avec le quart des arrêtés pris en France (une soixantaine à ce jour). Résultat, selon Jean-Claude BOUILLET, directeur fréquences et protection chez Bouygues Telecom, « Les délais d'installation d'antennes ont augmenté de près de 6 mois ainsi que les coûts et il est devenu presque impossible de poser des antennes sur une copropriété ». Un problème plutôt épineux, dans la mesure où le seul programme de développement de l'UMTS (la téléphonie mobile de 3e génération) prévoit l'implantation de près de 60 000 nouvelles antennes à l'horizon 2005. Par ailleurs, les réseaux sans fil (de type Bluetooth et Wi-Fi) se multiplient et nécessitent eux aussi la pose d'antennes radio jusqu'à l'intérieur des bâtiments. Principe de précaution Après la publication du décret et des relevés de l'ANFR (Agence nationale des fréquences radio) montrant que les seuils d'expositions étaient, partout en France, très inférieurs aux valeurs limites et que les relais de téléphonie mobiles n'y entraient que pour des quantités infinitésimales, comparés aux radars et aux relais TV et FM (3), les opérateurs ont entrepris de négocier, avec les municipalités concernées, le retrait des arrêtés et, à défaut d'accord, de les attaquer en justice. Une dizaine d'actions sont en cours devant les tribunaux administratifs. Mais les premières décisions ne vont pas dans le sens d'un apaisement des tensions. Le tribunal administratif de Nice vient ainsi de débouter la société SFR de l'action qu'elle avait engagée pour le retrait des arrêtés pris dans les Alpes-Maritimes (4). Pour expliquer sa décision le tribunal met en avant le principe de précaution en invoquant les risques que les ondes électromagnétiques pourraient faire courir aux riverains. Un argument qui a le don d'exaspérer les opérateurs. « On baigne depuis des décennies dans les ondes électromagnétiques, argumente Jean-Claude BOUILLET. Le relais TV et FM de la Tour Eiffel est à lui seul plus puissant que toutes les antennes relais GSM de France réunies et à ce jour, on n'a jamais constaté que les riverains présentent des troubles particuliers. Aucune des quelque 400 études scientifiques menées sur le sujet n'a pu mettre en évidence le moindre effet sanitaire. Pourtant les associations nous opposent des prises de position de plus en plus catégoriques sur les risques sanitaires ». Aucun effet sanitaire avéré Pour en avoir le coeur net, Bouygues Telecom organisait récemment à Paris un colloque scientifique destiné à faire l'état de la recherche internationale. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le sujet mobilise les énergies scientifiques.161 études ont été lancées sur les effets cancérigènes des ondes électromagnétiques émises par les antennes relais, une soixantaine sont encore en cours sur leurs effets à long terme. 137 études portent sur les « autres troubles » dont une centaine sont achevées. 200 études portent sur les émissions des téléphones mobiles eux-mêmes et la moitié ont été rendues. La plupart des résultats disponibles mettent en évidence des effets biologiques aux doses d'exposition limites mais aucun ne démontre d'effets sanitaires. La synthèse des travaux en cours ne devrait être disponible qu'en 2004. Avant cela, la position scientifique la plus courante est « qu'on ne peut rien affirmer ». Dès lors le problème se pose de la façon suivante : faut-il geler le développement de la téléphonie mobile en attendant les résultats, sachant qu'on ne peut pas à la fois réclamer une meilleure couverture du territoire et une diminution du nombre d'antennes ? Pour Jean-Claude BOUILLET, l'enjeu n'est pas qu'économique ou sanitaire. Il est aussi social : « Une diminution radicale du nombre d'antennes signifierait la fin du téléphone mobile pour tous et le retour à une situation où seuls quelques privilégiés auraient les moyens de payer un service rare et hors de prix ». Est-on prêt à remiser définitivement le mobile au tiroir ? Alors même qu'il est devenu, comme le souligne le philosophe Alain ETCHEGOYEN, « l'objet industriel le plus universellement utilisé depuis la montre bracelet ». 1. Pour les stations de base de téléphonie mobile, les limites en champ électrique requises sont de 41 V/m pour le GSM 900 (SFR, Orange) et de 58 V/m pour le DCS 1800 (Bouygues). 2. Vallauris (18-12-2000), Mouans-Sartoux (19-1-2001), Roquefort-les-Pins (23-1-2001) Fréjus (29-1-2001), Hyères (30-1-2001), Villeneuve-Loubet (7-2-2001), Biot (9-2-2001), Pégomas (21-2-2001), Grasse (26-2-2001), Mougins (28-2-2001), La Gaude (9-3-2001), Sainte-Maxime (9-4-2001 retiré depuis), Sanary (6-4-2001), Saint-Raphaël (19-4-2001), La Roquette-sur-Siagne (3-7-2001), Vence (29-11-2001). 3. Nos éditions du 25-12-2001. 4. Nos éditions du 9-5-2002. Philippe DUPUY |