Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais 

Membres : Rose-Marie ALLÉGRET, Corinne BACINO, Daniel BECK, Georges BOUGE, Paulette BRESSAN, Daniel BRUN, Janine DÉLIAS, André FARAUT, Hélène GRANOUILLAC, Pierre GRIMAUD-NOW, Catherine JAKUBOWSKY, Jean LAVAUD, Catherine LEHU, François MASTALERZ, Patrice MAZZAFERA, Hervé MELKONIAN, Marcel MEUNIER, Patrice MIRAN, Gilbert MORLIÈRE, Simone NAUDET, Noël PERNA, Jean-Christophe PICARD, Micheline ROLLIN-GÉRARD, Anita THOMSEN

"Conférence de concertation" du 2 juillet 2001

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Compte-rendu

La controverse que suscite déjà les 35 000 antennes-relais de téléphonie mobile installées en France ne va pas manquer de s’amplifier avec l’avènement de la nouvelle technologie UMTS qui va tripler leur nombre.

Le débat n’est pas simple car les enjeux économiques sont considérables : les 35 millions d’abonnés en France ont généré 400 000 emplois en 5 ans. À elle seule, la vente des fréquences de l’UMTS va rapporter 130 milliards à l’État   français !

C’est dans ce cadre que les députés du groupe "Santé-Environnement" prépare une proposition de loi relatif à l’implantation des antennes-relais et à l’utilisation des appareils de téléphonie mobile. Pour ce faire, ils ont souhaité associer au processus législatif l’ensemble des acteurs concernés par la question (élus, experts, opérateurs, associatifs et riverains) en les invitant à participer à une « conférence de concertation » inspirée de la pratique scandinave.

De nombreuses associations des Alpes-Maritimes avaient joué le jeu : après s’être réunies au sein du Collectif pour une Implantation Raisonnée des Antennes-Relais (CIRAR), elles avaient organisé une "rencontre citoyenne", le 22 juin 2001 à l’hôtel Splendid à Nice, pour recueillir les avis et propositions de la population qu’elles ont relayés à cette conférence par l’intermédiaire de Paulette BRESSAN (Collectif des habitants des Brusquets), Noël PERNA (Région Verte) et Jean-Christophe PICARD (Comité de quartier des Baumettes).

La confrontation des différents points de vue a permis de dresser un état des lieux de la situation et de dégager plusieurs constantes. Les antennes-relais sont fréquemment installées en catimini, pendant les vacances, voire la nuit, sans concertation ni même information. Il n’existe pas de recensement de leur site d’implantation. De même, la puissance qu’elles émettent réellement n’est pas vérifiée alors qu’elle peut être amplifiée par les structures métalliques environnantes. Enfin, les locataires, qui subissent les nuisances sans percevoir la moindre redevance, ne sont consultés à aucun moment.

Cette conférence de concertation a mis particulièrement en évidence 3 types de problèmes.

Pollution visuelle

La première conséquence de ces antennes-relais est de porter atteinte au paysage : c’est ce que l’on appelle la « pollution visuelle ». En effet, les exemples de « forêts d’antennes », de pylônes géants et d’antennes qui défigurent des sites historiques ne manquent pas.

La pollution visuelle n’est pas un problème banal car l’atteinte à l’environnement est également une atteinte à la qualité de la vie qui touche le quotidien des citoyens. D’autant que la pollution visuelle est un facteur de stress et a donc un effet indirect sur la santé.

Le contrôle exercé en la matière par la Direction des Bâtiments de France, qui impose parfois aux opérateurs de peindre leurs antennes pour qu’elles se confondent mieux avec le paysage, semble bien dérisoire...

Risque sanitaire

La controverse la plus vive sur les antennes-relais vient des ondes électromagnétiques qu’elles dégagent. L’exposition à un champ électromagnétique induit un courant électrique dans l’organisme mais surtout provoque une élévation de température que l’on appelle "effet thermique".

C’est en application du "principe de précaution" que de nombreux pays ont déjà instauré des distances de sécurité entre les antennes-relais et les habitations : Italie, Suisse, Canada, État-Unis, Nouvelle Zélande, Australie, Russie... La France, qui se contente de demander l’apposition d’un panonceau avertissant de la présence d’ondes électromagnétiques, semble considérer que ses habitants sont plus résistants que les autres...

Le Docteur ZMIROU s’est pourtant voulu rassurant. Pour lui, les antennes-relais placées à plus de 10 mètres sont sans danger pour la santé des riverains. Par contre, il juge inacceptable que des opérateurs installent des antennes en deçà de cette distance. Or, et c’est bien ce qui est inquiétant, il existe un grand nombre de cas où elles sont placées aussi près.

André ASCHIERI, président du groupe "Santé-Envionnement", s’est montré plus inquiet sur les effets des antennes placées à plus de 10 mètres. Il envisage qu’elles puissent avoir, sur le long terme, une incidence sur la santé en raison de l’exposition prolongée aux ondes électromagnétiques. Il avait également déjà eu l’occasion d’insister sur le problème de la synergie entre les différentes pollutions : ainsi, dans le cas d’un fumeur exposé à l’amiante, les risques ne sont pas multipliés par 2 mais par... 50 ! Qu’en est-il de ondes électromagnétiques associées à d’autres pollutions ?

Les riverains des antennes, quant à eux, n’ont pas été convaincus par les propos rassurants des opérateurs et des experts : « Après la catastrophe de Tchernobyl, des "prix Nobel" nous avaient dit qu’on ne risquait rien ! Et on s’aperçoit que l’on a été trompé ! ».

Dans tous les cas, on ne peut être que frappé par les similitudes des symptômes décrits par les riverains de ces antennes : maux de tête, insomnie, vertige, fatigue, perte de mémoire, déséquilibre... Est-ce vraiment "l’effet placebo" ?

Dévaluation foncière

La pollution visuelle et les risques sanitaires liés aux antennes-relais ont comme dernière conséquence de déprécier les biens fonciers avoisinants, ce qui augmentera d’autant les difficultés qu’auront les propriétaires à revendre leur maison ou leur appartement pour déménager. Il convient, à cet effet, de relativiser le montant de la redevance qu’ils perçoivent des opérateurs (entre 10 000 et 50 000 FF par antenne-relais).

En attendant 2003...

L’étude « Interphone », lancée par l’OMS, permettra d’apporter une réponse plus précise aux nombreuses interrogations qui subsistent encore autour des antennes-relais. Mais les résultats sont annoncés, au mieux, pour... 2003 !

En attendant, et jusqu’à ce que la loi proposée par le groupe "Santé-Environnement" aboutisse et que les décrets d’application soient signés, nous sommes tous des cobayes...

Interventions des membres du CIRAR

Paulette BRESSAN : Après avoir raconter les circonstances qui allaient aboutir à l’adoption, par le Maire de Vallauris, du premier arrêté municipal interdisant l’implantation d’antennes-relais à proximité des habitations,  Mme Paulette BRESSAN conclut : « Nous réclamons :

l une réglementation pour toute implantation sur le domaine public ou privé, quelle que soit la hauteur des installations,

l un permis de construire ou une déclaration de travaux assortis d’une enquête publique avec consultation des riverains et des associations locales pour l’environnement,

l une distance minimum de 100 mètres entre l’antenne et toute habitations cette distance augmentant en fonction de la puissance des antennes,

l le recensement de toutes les installations en infraction et que les mairies ou la DDE puissent en demander l’enlèvement ou le déplacement sans attendre la fin des procédures judiciaires afin de faire cesser les préjudices immédiatement,

l le contrôle de toutes les installations déjà en services, tant sur le plan de l’environnement que sur celui de la santé. »

Jean-Christophe PICARD : « Nous avons étudié attentivement votre proposition de loi que nous trouvons plutôt bien. Néanmoins, il y est indiqué qu’un certain nombre de points, parmi les plus importants, seront précisés dans des décrets ultérieurs. Cette démarche nous semble un peu aléatoire. Nous souhaiterions que la loi soit plus précise, notamment sur la question de la distance de sécurité qui est fondamentale. »

Noël PERNA : « Voici nos propositions :

l création d’un plan départemental d’implantation présidé par le Préfet,

l prévoir les implantions au PLU (POS) avec permis de construire,

l selon l’importance de l’implantation, prévoir une enquête publique,

l consultation des associations agréés et les riverains,

l les projets devront être présentés à la Commission départementale des sites et paysages,

l les risques sur la santé devront être appréciés par une commission présidée par le Préfet avec les médecins concernés,

l dévaluation foncière des implantations : prévoir une indemnisation des riverains,

l carences et fraudeurs : donner le moyens à la police et la justice de sévir rapidement. »

Paulette BRESSAN : « M. ZMIROU, j’ai lu votre rapport de 250 pages : il y est noté que le champ maximum du voisinage immédiat d’une station est de 1 à 2 V/m. Si l’on reprend le croquis de France Télécom R&D, diffusé par l’ANFR, nous constatons qu’à 10 mètres dans l’axe du faisceau, le champ est entre 10 et 13 V/m. Or, dans la plaquette diffusée par Bouygues Télécom, il est écrit que "si une antenne est installée à moins de 5 mètres de votre fenêtre et semble dirigée droit sur elle, nous vous recommandons de prendre contact avec l’opérateur en question afin de vérifier les distances de sécurité". Pourquoi, à 5 mètres, y a-t-il apparemment danger et, à 10 mètres, pourquoi n’y aurait-il aucun souci à se faire, alors que le niveau d’exposition est de 10 à 13 V/m et non de 1 à 2 V/m, comme cela est cité par les experts nommés dans votre rapport ? »

Conclusions de la "conférence de concertation"

À l’issue de la conférence de concertation, les participants ont formulé les propositions suivantes :

l établir une réglementation pour toute implantation sur le domaine public ou privé quelque soit la hauteur des installations, antenne ou, pylône. Elle sera accompagnée d'une information large et transparente à destination de tous les riverains et personnes concernées.

l créer des commissions départementales d'implantation d'antennes-relais, donnant l'autorisation d'installation dans le respect du principe de précaution. Elles pourront rejeter la demande d'implantation, si celle-ci est synonyme d'un trouble avéré de jouissance.

l recenser  toutes  les  installations  afin  qu'un  déplacement,  en  cas  d'absence d'autorisation préalable, puisse être fait de façon immédiate.

l ordonner une enquête épidémiologique sur les populations sensibles, pour mettre en lumière les éventuels risques liés aux antennes relais de téléphonie mobile,

l faire en sorte que toute législation soit rétroactive, pour permettre à tous de bénéficier des avancées de la loi (en utilisant le préjudice pour dol notamment).

En outre, le groupe d'étude "Santé-Environnement", comptant aujourd'hui 150 députés, souhaite que soit inscrite rapidement à l'ordre du jour la proposition de loi tendant à réglementer l'implantation des antennes relais de téléphonie mobile.

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